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[Interview] De stagiaire à chargée de mission : le parcours d’une jeune sociologue dans une association stéphanoise d’aidants

Du 26 mars 2021 au 30 juin 2021

En 2020, Maya Chabane a choisi de finir son master « Intervention et développement social » par un stage de recherche participative via le dispositif Boutique des sciences. Pendant 6 mois, elle a ainsi mis son expertise universitaire au service de l’association DanaeCare qui aide les usagers, les acteurs et les institutions de la santé à promouvoir l’humain au cœur du soin. Une expérience très positive pour elle et pour l’association stéphanoise qui lui a proposé par la suite un contrat de service civique de septembre 2020 à juin 2021. Et l’aventure ne s’arrête pas là puisque l’ancienne étudiante de l’université Jean-Monnet-Saint-Étienne a maintenant une promesse d’embauche en CDI au sein de DanaeCare à partir de juillet 2021 !

En quoi a consisté l’étude Boutique des sciences que vous avez menée ?
L’association DanaeCare travaille sur la valorisation des relations humaines en santé. André et Julia, les co-fondateurs, accordent une grande importance aux études (sociologie, organisation de la santé, etc.) et à la recherche pour améliorer continuellement l’approche professionnelle qu’ils ont de ces problématiques.

En intégrant leur structure, j’ai fait partie de l’action « Par et pour les aidants » qui vise à trouver de manière collective des solutions pour aider et accompagner au mieux les aidants, à l’échelle du territoire. Les aidants sont toutes les personnes qui aident régulièrement, voire au quotidien, un proche malade, en situation de handicap ou de perte d’autonomie. L’action locale menée par DanaeCare a réuni sur 12 mois, proches-aidants, patients, étudiants, institutions (établissements de santé, facultés) et représentants territoriaux. Il s’est agi pour moi de mobiliser plusieurs outils d’enquête sociologique pour pouvoir notamment recueillir le plus finement possible la parole des aidants que ce soit lors des ateliers organisés par l’association ou par le biais des entretiens que j’ai pu mener.

Qu’est-ce que ça a apporté à l’association ? Quels changements ça a induit ?
Le travail que j’ai effectué a permis à l’association de disposer de supports formalisés et synthétiques utiles pour les rencontres avec les acteurs institutionnels. Par exemple, l’infographie « valorisation du rôle et du statut des proches-aidants » permet de manière synthétique de présenter les problématiques et des pistes de solution adaptées à l’aidance. Le fait d’avoir été présente dès le commencement de l’action m’a permis d’avoir cette capacité de réflexivité et ce regard « neuf » très apprécié par mes tuteurs associatifs. De par mon parcours universitaire, j’accorde une importance particulière à la parole des personnes concernées par notre travail, et ce point a été bénéfique pour DanaeCare.

Qu’avez-vous retiré de cette expérience professionnelle ?
Durant ce stage, j’ai réellement pu expérimenter une posture professionnelle concrète, en tant que membre à part entière de l’association. J’ai pu mettre à profit mes connaissances et ma méthodologie universitaire au service d’une action. Jongler entre la théorie et la pratique a pris tout son sens puisque je me suis saisie du terrain tout comme le terrain et ses acteurs ont pu bénéficier de mon regard, de mes approches, et de mes outils. J’ai surtout apprécié la rencontre avec les différents acteurs de l’économie sociale et solidaire, du monde de la santé et des politiques locales puisque cela m’a permis de découvrir concrètement les collaborations et les tensions qui se jouent dans les coulisses de l’action sociale et territoriale.

Vous avez poursuivi avec Danaecare en service civique. Quel est votre rôle actuel au sein de l’association ?
Je continue l’action « Par et pour les aidants » en lien avec les autres membres de l’association. J’ai entre autres élaboré un « Formulaire Aidant » qui sera mis à disposition des médecins généralistes, des pharmaciens et des aides à domicile pour enfin disposer de données sur les aidants ligériens. Ce flou quantitatif bloque beaucoup de choses et rend les aidants encore plus invisibles.

Parallèlement, je co-pilote une promotion d'étudiants de Master 2 en Politiques sociales et développement territorial (UJM Saint-Etienne) et en Politiques et innovations sociales des territoires (IEP Lyon). Notre action « Par et pour les aidants » leur sert désormais de terrain d’expérimentation in-situ. Plusieurs idées se manifestent et pourraient être mises en place dans quelques mois (un blog participatif et interactif, une campagne de communication et de sensibilisation, etc.). Je réalise aussi la newsletter mensuelle de l’association dans le but de constamment garder le contact avec nos partenaires et tous ceux qui ont croisé la route de DanaeCare. J’exprime ainsi un côté davantage créatif !

Poursuivez-vous votre étude sur le rôle et le statut des proche –aidants ? Quelles sont les suites de votre travail réalisé en 2020 ?
Elle se poursuit de façon indirecte, avec notamment le déploiement d’outils pour répondre aux problématiques soulevées durant les premiers mois de mon étude. Evidemment, les recommandations sanitaires ont empêché de valoriser publiquement mon travail durant l’année 2020. En revanche, nous interviendrons lors d’un colloque à Moulins en Juin, en collaboration avec l’Université de Clermont-Ferrand, afin de présenter l’action « Par et pour les aidants » ainsi que les résultats de nos expérimentations.
Nous finalisons actuellement l’un des plus gros projets de DanaeCare et du domaine de l’aidance transpathologique à Saint-Etienne : l’ouverture d’un lieu unique d’information et d’orientation pour les aidants, « l’Escale des Aidants® », qui devrait être effectif d’ici la fin de l’année… Et c’est sous la casquette de « chargée de mission » que je poursuivrai dès juillet 2021 ce travail !