Vous êtes ici : Version Française > Découvrir > Tous nos projets

Santé, Action sociale

Motivations des internes en médecine et facteurs pouvant favoriser leur impantation dans le bassin de vie roannais

Du 1 février 2016 au 29 juillet 2016

Dans le contexte de baisse régulière du nombre de médecins généralistes par rapport aux spécialistes, la répercussion de cette répartition ne se traduit cependant pas de manière uniforme dans tous les territoires. Ainsi pour la région Rhône-Alpes, le bassin de vie roannais est le territoire qui affiche désormais les chiffres les plus faibles d’installation, aussi bien pour ses zones rurales qu’urbaines, malgré plusieurs atouts (présence à équidistance de 3 CHU, Lyon, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand ; présence d’infrastructures pour favoriser la mobilité, etc.).

La désertification médicale : un phénomène national ancré historiquement
La demande sociale vise à réduire la « désertification médicale » dans le Roannais, c’est-à-dire le processus par lequel cette zone géographique se retrouve insuffisamment dotée d’acteurs de soins de premier recours. En moyenne, il y a aujourd’hui suffisamment de professionnels du soin en France mais le problème vient de leur inégale répartition à un niveau infradépartemental.

Les médecins généralistes sont systématiquement pointés mais les autres spécialistes de médecine ou acteurs de soin de premier recours « désertent » également certains territoires. Ce phénomène concernerait
surtout la campagne, les raisons de cette évolution sont nombreuses mais les solutions manquent. Les conséquences de la désertification médicale sont un allongement pour le patient du temps pour un rendez-vous et parfois le renoncement à des
soins. Cela entraine également une diminution de la qualité de soin et une dégradation des conditions de travail car les médecins sontsurchargés d’activité et fatiguent, réduisent parfois en conséquence la durée des consultations, subissent un stress professionnel important pouvant aller jusqu’au burn out voire la cessation d’activité.

Au niveau politique, la lutte contre la désertification médicale s’est d’abord traduite par l’augmentation du numerus clausus et la mise en place de nombreux dispositifs d’incitations financières sans effet. Plus récemment et avec la loi Hôpital, Patient, Santé, Territoire (HPST) en particulier, un travail de fond commence à être entrepris afin de revaloriser la médecine générale (MG). Depuis cette loi, les Agences Régionales de Santé (ARS) ont pour mission d’organiser territorialement l’offre de soin, notamment via les Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP). Ces structures hébergent ensemble des professionnels de santé ambulatoire (kinésithérapeute, médecin généraliste, infirmier, etc.) autour d’un projet de soin commun et coordonné. Les MSP sont aujourd’hui souvent présentées comme une alternative aux traditionnels cabinets (un MG qui gère seul son cabinet) et comme le remède efficace contre la désertification médicale en milieu rural.

L’Association de la Médecine Générale du Roannais (AMGR) : dynamique et locale
Malgré les initiatives d’échelle nationale et régionale, la désertification médicale est toujours d’actualité et particulièrement dans le Bassin roannais. La densité des MG y est faible, surtout à Roanne, une ville centrale de la région d’environ 40000 habitants. En 2011, de jeunes médecins rejoints par des citoyens ont créé l’association AMGR afin de lutter contre la désertification médicale dans la Loire. Cette initiative fait suite à une thèse d’exercice d’un des membres fondateurs, dont le travail a porté sur le diagnostic de l’offre de soin de ce territoire.

Depuis, l’AMGR offre son  soutien à toutes formes d’exercice de la MG, assure la promotion du territoire, elle a créé la structure d’hébergement « Villa des internes » et mis en place des évènements pour favoriser l’accueil et la familiarisation des internes avec le territoire, elle dialogue avec les institutions, les élus et les habitants et constitue un réseau de professionnels. L’association a plusieurs années d’activité et s’interroge sur l’efficacité de ses démarches. Le dispositif de la Boutique des sciences est alors une opportunité rare pour que le monde scientifique universitaire, dégagé des valeurs par principe, et celui de la société civile, dont les valeurs fondent au contraire l’engagement associatif, se rencontrent pour entreprendre une collaboration qui combine les motivations et connaissances mutuelles. Le décentrement a ainsi fonctionné, un dialogue enrichissant a déplacé les regards de part et d’autre.