Stage | Citoyenneté, Culture scientifique et humanités, <Libellé inconnu>, Stage Master 2

[Portrait] Irène, une apprentie philosophe au cœur d’ateliers artistiques avec des personnes sans-abris

Du 15 février 2021 au 31 juillet 2021

Étudiante en philosophie à l’Université Jean Moulin Lyon 3, Irène Labbé-Lavigne a choisi de finir son « Master 2 Éthique et Développement Durable » avec un stage dans une association, pour expérimenter la recherche participative. Intégrée au dispositif de la Boutique des sciences de l’Université de Lyon, la future diplômée met son approche universitaire au service du projet Vox Lab, co-porté par les associations Démostalie, Coexiscience et le Foyer Notre-Dame des Sans-Abris à Villeurbanne.

En quoi consiste le projet Vox Lab sur lequel vous allez travailler durant ce stage Boutique des sciences ?

Le projet Vox Lab propose des ateliers de création- formation aux arts numériques avec des personnes sans-abri, accueillies en centre d’accueil de jour. Les participants co-construisent avec Démostalie des installations artistiques en utilisant différentes technologies de fabrication numérique : création de design interactif, utilisation de logiciels de conception assistée par ordinateur, impression 3D… Partant du constat que la pauvreté affecte toutes les dimensions de la personne - matérielle, sociale et mentale - l’idée du projet Vox Lab est de partir de la voix de ces personnes habituellement dites « sans voix » pour leur redonner dignité et visibilité. Leur parole est matérialisée en produisant des empruntes vocales, qui sont des objets 3D interactifs. Ces objets sont ensuite vendus au titre d’objets d’art (exemple)

Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet de Démostalie ?

Le projet Vox Lab est porteur d’un véritable engagement social et il a été construit dès son origine sur l’idée d’une nécessité de repenser la technologie, ses pratiques et ses usages. Or, d’un point de vue aussi bien philosophique que personnel, il me semble impossible de parler de changement pratique sans révolution théorique, et inversement. La démarche m’a donc d’emblée séduite par sa pertinence, mais peut-être aussi parce que ses soubassements théoriques étaient plus évidents que pour d’autres projets. Cela permettait d’entrevoir une direction à laquelle j’adhérais.

En quoi consiste l’étude Boutique des sciences que vous devez mener ?

Ce projet mêlant art, science, technologies et travail social a souhaité être accompagné par la Boutique des sciences pour mieux cerner le rôle des ateliers sur la montée en compétences des différentes parties prenantes. L’idée de mon travail sur les 6 prochains mois est de venir étayer les fondements théoriques à la base de Vox Lab, à la lumière des pratiques de l’association Démostalie. Il s’agit de proposer une articulation entre les différentes notions et domaines abordés par Démostalie, pour éventuellement apporter un regard critique sur l’ensemble de la démarche. Par exemple les notions de « compétence », d’ « insertion » ou de « création » sont à interroger d’un point de vue philosophique et résonnent avec ce que j’ai pu voir dans mon parcours universitaire.

Qu’attendez-vous de cette expérience d’un point de vue professionnel et personnel ?

Ce stage représente une manière de dépasser l’aspect purement académique/universitaire de ma pratique de la philosophie, un moyen de sortir hors de soi pour aller au-devant de problématiques contemporaines. La philosophie est un instrument supposé nous aider à développer un rapport critique au monde mais quand on commence à être à l’aise sur le plan théorique, on court toujours le risque de ne plus prendre le réel que comme un prétexte pour dérouler ses connaissances, de tourner à vide en somme. J’aimerais donc apprendre avec ce stage à développer une forme de justesse et de pertinence dans mes analyses, être capable d’avoir quelque chose à dire sans pour autant être de ceux qui croient déjà tout savoir, être capable de dégager des lignes de compréhension du monde sans y être enfermée non plus.

Dans quelle mesure est-ce intéressant pour vous de croiser vos savoirs académiques avec ceux de cette association, que pensez-vous que cela va apporter scientifiquement ?

Encore une fois de la justesse ! Peu importe la discipline, il n'y a pas de travail hors sol et je pense que l’on travaille toujours en vue d’une réalisation concrète. Apprendre à travailler avec le terrain est un bon moyen de ne pas perdre de vue cette idée. Cela donne une assise à tous nos questionnements scientifiques mais permet aussi de les affiner, de les questionner et de les renouveler. Le terrain apporte toujours avec lui son lot de surprises, il introduit de la différence, qui est le moteur de la pensée.

Qu’est-ce qui a pu vous étonner à votre arrivée dans l’association ?

J'ai été surprise par la diversité des personnes que l'on met habituellement sous la catégorie de "sans-abri". Je me pensais déjà loin des clichés en la matière, mais c'est toujours très différent lorsqu'on prend le temps de rencontrer les personnes, que l'on commence à s'intéresser à leurs parcours individuels et que l'on essaye de tisser des liens… ce stage est pour moi une occasion assez unique de le faire, j’ai hâte d’en découvrir davantage !


Le stage d’Irène a commencé mi-février et se prolonge jusqu’à mi-août, nous reviendrons avec elle sur son déroulement au cours de cette année. Pour en savoir plus sur le projet en lui-même ici et les autres projets accompagnés par la Boutique des Sciences cette année.

Pour en savoir plus sur le projet Démostalie :
https://www.youtube.com/channel/UCDce5sNMnp8tjTSP4L2r0qQ
https://be.linkedin.com/company/demostalie-insertion
https://www.helloasso.com/associations/demostalie/collectes/vox-lab-la-pratique-creative-comme-levier-d-insertion/