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Compilation des données et mise en place d’une recherche ciblée sur l’Élodée de Nuttall : plante invasive des Gorges de l’Ain

Du 13 février 2017 au 28 juillet 2017

Dans les gorges de l’Ain, la base de loisirs de l’île Chambod se trouve confrontée depuis plusieurs années à une espèce exotique envahissante : l’Élodée de Nuttall (Elodea nuttallii), qui occasionne des gênes régulières pour les activités nautiques en période estivale. Le Syndicat Mixte pour l’Équipement et l’Aménagement de l’île Chambod (SMEA) a tenté à plusieurs reprises de se débarrasser de ces herbiers denses, mais une fois l’été venu, ils refont toujours leur apparition !

L’introduction d’espèces exotiques envahissantes est l’une des quatre causes majeures de l’érosion de la biodiversité actuelle, les trois autres étant la destruction et la pollution des habitats, la surexploitation des ressources naturelles et le changement climatique. Ainsi, au XXème siècle, le taux d’extinction des espèces est estimé comme étant 50 fois supérieur au taux moyen pour les plantes, 260 fois supérieur au taux moyen pour les vertébrés et 560 fois supérieur au taux moyen pour les mammifères (Teyssèdre, 2004).

La France métropolitaine comprend plus de 6 000 espèces végétales qui se répartissent approximativement en 4 900 espèces indigènes et au moins 1 300 espèces exotiques introduites par l’Homme à partir d’une autre région du monde (Fried, 2012).

En effet, la mondialisation a connecté des régions du globe initialement très isolées, et les échanges de diverses marchandises ont conduit et conduisent à importer tous types d’organismes vivants (animaux, plantes, champignons, bactéries, etc.), accidentellement (pontes d’insectes, semences de plantes, spores de champignons, etc.) ou de manière volontaire (plantes ornementales, mellifères, fourragères, nouveaux animaux de compagnie, etc.) (Muller, 2004 ; Fried, 2012).
La majeure partie des plantes exotiques introduites au sein de notre écosystème sont présentes de manière éphémère : soit parce qu’elles n’ont pas été introduites en nombre suffisant, soit parce qu’elles sont mal adaptées à leurs nouvelles conditions environnementales. Après 25 ans de présence, les plantes introduites qui parviennent à se reproduire de façon autonome et à maintenir une population viable sans intervention humaine sont considérées par les botanistes comme étant naturalisées. Parmi ces plantes naturalisées, celles qui sont capables d’étendre rapidement leur aire de distribution dans le territoire où elles sont introduites sont considérées comme étant des plantes invasives (Fried, 2012).
Cette extension se manifeste souvent par des populations de taille importante, qui s’accompagne généralement d’impacts environnementaux et/ou économiques et/ou sanitaires, et résultent en des changements significatifs de composition, de structure et de fonctionnement des écosystèmes (Cronk & Fuller, 2001 ; Fried, 2012).

De nombreuses caractéristiques biologiques ont été étudiées afin de déterminer les facteurs principaux favorisant les invasions. Deux aspects fondamentaux ont été retenus :
  • la capacité de dispersion : production importante de graines, adaptations pour la dispersion à longue distance ou capacité de produire de nouveaux individus à partir de petits fragments (rhizomes, boutures de tiges).
  • la capacité de former des populations denses monospécifiques* : principe selon lequel les plantes exotiques envahissantes sont généralement plus compétitives que les plantes indigènes du milieu envahi. Cela peut se traduire, entre autres, par une plus grande taille, une surface foliaire totale plus élevée ou encore une meilleure capacité d’utilisation de l’eau et des éléments nutritifs du milieu (Muller 2004 ; Fried, 2012).
De nos jours, un des enjeux majeurs de la biologie des invasions est d’être capable de prédire correctement quelles espèces introduites, ou en voie d’introduction, risquent
de devenir invasives et de causer des impacts non négligeables sur l’écosystème et les activités humaines.

Cela permettra de mettre en place, à temps, des mesures afin de contrôler leur commerce, leur transport et limiter leur propagation avant qu’il ne soit trop tard (Muller, 2004 ; Fried, 2012).
En effet, il est généralement trop tard pour éradiquer totalement une espèce exotique d’un milieu qu’elle a envahi.
Cependant, des moyens peuvent être mis en oeuvre afin de limiter sa prolifération et ainsi réduire les dégâts causés. C’est dans cette optique que s’inscrit mon étude : comprendre les causes de l’installation d’une plante aquatique exotique hors de son aire d’origine et proposer des solutions afin de limiter son abondance.
Mes recherches se sont donc orientées autour des questions suivantes :
  • Comment cette espèce végétale s’est-elle introduite sur notre territoire ?
  • Quels sont ses méthodes de reproduction et de propagation dans le milieu aquatique ?
  • Comment expliquer sa prolifération en dehors de son aire d’origine ?
  • Quels sont les paramètres qui conditionnent le lieu d’installation et favorisent le développement de l’Élodée de Nuttall aux abords de l’île Chambod ?
  • Quels impacts cause-t-elle à Chambod ?
  • Quelles sont les méthodes existantes permettant de mettre un place un suivi des herbiers d’élodées ?
  • Quelles méthodes de gestion sont les plus adaptées à mettre en oeuvre aux abords de l’île Chambod les années de forte prolifération des herbiers d’élodées ?