Stage | Citoyenneté, Culture scientifique et humanités, <Libellé inconnu>, Stage Master 2

[Portrait] Mesurer les effets d’une association d’insertion : retour sur l’expérience Boutique des Sciences du Tissu Solidaire

Née il y a 5 ans d’une initiative étudiante, l’association d’insertion Tissu Solidaire a accueilli en 2019 Mila Daval, étudiante en Psychologie Sociale et Environnementale, dans le cadre du dispositif Boutique des Sciences qui connecte le milieu universitaire au monde associatif. Flora, fondatrice et salariée de Tissu Solidaire, revient sur cette expérience positive pour son organisation qui souhaitait mieux comprendre son impact.

Quel a été le déclic dans votre parcours pour créer Tissu Solidaire ?

De retour en France après 18 mois d’études dans d’autres pays et continents, j’ai été vraiment effrayée par l’accueil fait aux étrangers sur notre territoire. Avec deux autres amies, qui partageaient le même constat, nous avons fait une étude auprès de personnes exilées. Beaucoup nous ont dit qu’elles savaient et qu’elles voulaient coudre, alors on a lancé Tissu Solidaire, une association d’insertion par l’apprentissage de la couture et la valorisation des savoirs-manuels. Nous avons développé différentes activités pour permettre à ces nouveaux arrivants de mieux s’intégrer : ateliers de travaux manuels, cours de français, activités sociales…

Pourquoi avoir fait appel à la Boutique des Sciences en 2019, quel était votre questionnement d’origine et vos attentes ?

La recherche c’est important, c’est clef dans la société et il n’y en a pas assez d’ailleurs. J’avais essayé via d’autres dispositifs de me rapprocher du monde académique, mais la Boutique des Sciences me semblait le seul à pouvoir être bénéfique pour l’association. Je pense que l’Economie Sociale et Solidaire ne fait pas assez de recherche-action pour améliorer son efficience. On voulait faire une étude d’impact, et qu’on nous montre ce qu’on ne voit pas nous, car on est pris par le quotidien. Le comité scientifique puis les encadrants chercheurs de la Boutique des Sciences nous ont permis d’appréhender des choses originales et de décaler notre regard.

Quels ont été la démarche et les apports de Mila ? Comment a-t-elle travaillé et s’est-elle intégrée à votre démarche associative ?

Mila s’est d’abord immergée dans l’association. Elle a apporté son regard scientifique sur nos activités, puis s’est lancée dans une enquête qualitative, en interrogeant 25 personnes, bénéficiaires du programme et bénévoles. Pour la méthode et les concepts elle a été encadrée par Elsa Causse, maitresse de conférences en Psychologie sociale, et on a vraiment travailler ensemble pour la mise en place et l’adaptation des outils. On a mis en place une grille d’entretien, élément central pour notre étude d’impact, qui est une dynamique qui dépasse les 6 mois de stage. Mila nous a apporté des notions de Sciences Humaines et Sociales et notamment des notions spatio-temporelles : place du territoire pour les publics, ancrage territorial…

Qu'est-ce qu’a apporté la Boutique des sciences à votre association, est-ce que vous avez été étonnée par certains résultats ?

Mila nous a laissé des outils, des résultats, et aussi un document qui résume l’historique du Tissu Solidaire et son travail, document que j’utilise tout le temps maintenant ! Elle a aussi identifié des indicateurs annexes à observer, pour mesurer si on est ou non sur la voie de l’inclusion sociale, comme par exemple les services rendus entre membre de la communauté, les liens qui se tissent en dehors des ateliers… Je ne pensais pas qu’on avait autant d’impact sur les gens, qu’on avait autant d’effets sur le regard que les exilés ont sur les français et que les français ont sur les exilés. On a vu aussi à quel point on est un accélérateur de compétences : nos publics apprennent non seulement à coudre mais aussi à animer ou à parler en public.

Quelles sont les prochaines étapes pour Tissu solidaire ?

On est en plein boom en ce moment ! On va changer de nom, on développe des partenariats pour faire passer le CAP couture, et nous portons le programme « Des étoiles et des femmes » en lien avec la Cité de la Gastronomie. On ouvre aussi une Antenne à Annecy et un programme spécifique pour les 18-29 ans en lien avec les entreprises du territoire. Aujourd’hui on est 4 salariés, 4 alternants, 3 prestataires alors que j’étais seule il y a 1 an. On aimerait approfondir nos liens avec l’Université mais ça coûte de l’argent… On adorerait avoir un contrat CIFRE par exemple, pour documenter notre action, voir si on est sur la bonne voie.

Pour en savoir plus sur le stage et découvrir le mémoire de l’étudiante.