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Arts / Littérature / Cinéma, Sciences humaines et sociales

Test d'un modèle pédagogique de résilience par l'art pour des enfants en difficultés psycho-affectives

Du 2 février 2015 au 31 juillet 2015

L’association « Art-Projets » réunit trois Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS) de la région lyonnaise (Albigny s/Saône ; Vaugneray ; Saint-Priest). Accueillant des enfants placés suite à une décision de justice, chacune des maisons apporte un encadrement des enfants au quotidien par une équipe d’éducateurs spécialisés. L’objectif d’Art-Projets est d’introduire dans ces maisons, une médiation artistique, basée sur le théâtre, afin de permettre aux enfants la découverte d’une discipline nouvelle et, plus encore, une possibilité d’expression verbale et corporelle au sein d’un cadre souple et ludique. La finalité est de mettre en place des « MEMA » - Maisons d’Enfants, Maisons d’Artistes – c’est à dire des résidences permanentes d’artistes au sein des MECS.

Se différenciant d'une étude de l’outil théâtral sous un angle thérapeutique, comme en art-thérapie par exemple, la demande de l’association à la Boutique des sciences était de conceptualiser cette médiation, pour l’inscrire de façon pérenne dans les MECS. Chacun des membres de l’association avait pu constater des bienfaits du théâtre sur les enfants, et ce sont de leurs observations qu’a découlé leur demande. C’est ainsi qu’après reformulation de cette demande initiale, le comité scientifique de la Boutique des sciences a opté pour le terme "résilience" sur lequel nous reviendrons par la suite.
Avant le théâtre, d’autres disciplines artistiques ont été également "testées" comme la danse ou des ateliers d’écriture, de poterie et de dessin. Ces dernières, n’ont pas été effectives auprès des enfants puisqu’elles demandent un apprentissage de techniques propres aux disciplines comme la chorégraphie pour la danse ou l'écriture pour les ateliers de productions écrites. Ces disciplines demandent à la fois une certaine concentration tant psychologique que physique mais également des aptitudes socio-cognitives telles que l’écriture ou la lecture, que tous les enfants des structures n’ont pas acquis, du fait pour certains de leurs problématiques familiales.

Moins sélectif, le théâtre apparaît comme la médiation la plus à même d'être mise en place dans les Maisons d’Enfants à Caractère Social. En effet, la possibilité d’improviser et de s’approprier son texte laisse alors une possibilité d’expression plus large que d’autres médiateurs artistiques. C’est cette spontanéité de l’expression de soi que la compagnie de théâtre villeurbannaise Zéotrope, cherche à travailler dans les MECS depuis 2009. Cette compagnie fondée à la fin des années 90 axe sa pratique sur une relation directe entre comédiens et spectateurs, ces derniers faisant partie intégrante de la scène jouée. L'implication de cette association au sein du quartier des Brosses (Villeurbanne) par exemple illustre à mon sens, de leur volonté d’ouvrir le théâtre à des publics aussi divers que variés. En effet, la compagnie Zéotrope met en scène des pièces autour et avec un quartier. Autour, parce que les projets s’inscrivent spatialement dans un territoire, qui est exploré au travers de son histoire et de ses spécificités. Et avec le quartier, puisque ces projets sont des créations participatives, portées par les habitants et acteurs du territoire investigué. Si la compagnie Zéotrope au travers de ses projets, tend à ouvrir le théâtre, elle est également forte de son expérience auprès de publics de jeunes, grâce à ses interventions en milieu scolaire (collèges et lycées). C’est en cela que cette troupe de trois comédiens, accompagnée également par des artistes musiciens a trouvé sa légitimité auprès d’Arts-Projets, et la médiation mise en place dans les MECS résulte d’une co-construction entre l’association et la compagnie théâtrale. Si la façon d’amener le théâtre au sein de ces structures a été pensée en amont par l’association et les artistes, sa mise en place dans les structures tend également à en modifier la dynamique. Ce sera d’autant plus vrai si elle s’intègre in fine avec le projet MEMA, dans le quotidien des maisons d’enfants.

C’est en cela qu’il paraissait pertinent de proposer une perspective d’évaluation de l’outil, sous un angle psychosocial en croisant les regards et perceptions des personnes impliquées : les artistes, les éducateurs spécialisés et les enfants. Saisir le regard de ces trois groupes semblait nécessaire en ce sens où la médiation théâtrale proposée, si elle se destine avant tout aux enfants, sollicite également les équipes éducatives pour y participer, d’autant qu’un réel investissement de la part d’éducateurs spécialisés à pu être remarqué.